
Florence Pavageau : « je suis convaincue que la défense de la parité est bien une affaire de partenariat entre les femmes et les hommes »
Bonjour Florence, racontez-moi votre parcours avant et depuis votre arrivée à La Poste… et en tant que femme.
J’ai passé sept ans dans le réseau des Caisse d’Epargne. Puis, je suis arrivée à La Poste en 2000 en tant que responsable marketing. Plus de vingt ans après, je travaille encore au sein du Groupe ! J’ai eu la chance d’occuper de nombreux postes variés (Réseau Grand Public, La Banque Postale, Affaires Territoriales, Corporate) et j’ai toujours aimé manager des équipes, qu’elles soient de petite taille ou de plus grande taille. Mon poste de Déléguée Régionale est mon premier emploi en territoire. J’apprécie particulièrement le fait qu’il soit autant tourné vers l’extérieur (élus, milieux économiques) que vers les branches du Groupe.
En tant que femme, je n’ai jamais connu de discrimination frontale… D’ailleurs, le fait que la discrimination ne soit pas toujours directe la rend d’autant plus insidieuse. J’ai eu la chance d’avoir des patrons hommes qui m’ont aidée, notamment au début de ma carrière, quand je pouvais douter de mes compétences. C’est pour moi le sujet central, car au final peu d’hommes se posent la question suivante : « Vais-je être au niveau lors d’une éventuelle prise de poste, pourrais-je tout concilier ? », contrairement à beaucoup de femmes. Depuis, j’ai beaucoup travaillé, tout en prenant confiance en moi… J’ai aussi beaucoup appris sur la prise de parole en public car dans mon univers aujourd’hui, trop peu de femmes acceptent de s’exprimer devant un large public. Pour ce faire, il faut oser, en sachant que nous ne sommes en général pas plus mauvaises que les autres, loin s’en faut ! Alors, même si je pense que les choses vont de mieux en mieux, il faut rester attentifs à ce sujet. Et cela ne touche pas que la sphère du travail : nous sommes collectivement responsables de ce qui se passe, à commencer par l’éducation des enfants. Depuis quelques années, j’essaye de partager ces problématiques avec mes collègues, notamment.
Est-ce que vous étiez déjà engagée en faveur de la mixité avant votre arrivée au sein du Groupe La Poste, ou est-ce que cet engagement s’est développé au fil du temps ?
Pour être tout à fait sincère, la parité femmes-hommes n’est pas un combat de jeunesse. J’ai plutôt développé cet engagement progressivement, au sein du Groupe. Un des évènements qui m’a poussée à m’investir davantage sur le plan public fut sans doute ma rencontre avec Ayumi Moore Aoki, la fondatrice et Présidente de Women In Tech, une association internationale qui se bat pour l’égalité entre les femmes et les hommes sur le volet numérique. Cela m’a donné envie de structurer davantage les actions que je pouvais mener au quotidien, après avoir pris conscience des enjeux importants de ce type d’engagement.
Justement, comment agissiez-vous en faveur de cette parité au départ ? Et comment avez-vous structuré votre action par la suite ?
J’ai toujours veillé à l’équité salariale en fonction de la marge de manœuvre dont je disposais et j’ai aussi constitué des équipes, dans lesquelles la mixité était la règle. Lorsque je suis arrivée à mon poste actuel en Normandie, l’équipe était exclusivement masculine, alors à chaque départ, j’ai essayé de recréer un certain équilibre… Aujourd’hui, je pense que personne ne s’en plaint ! Depuis, puisque j’ai un poste tourné vers l’extérieur et que j’ai les moyens de catalyser les énergies internes et externes, j’ai décidé d’aller plus loin dans ma démarche. Au sein de la Région Normandie, nous avons un collectif fort sur les sujets de Gestion des Emplois et Parcours Professionnels (GEPP), et la parité a été intégrée aux différents lots de travail. Concrètement, j’essaie d’organiser des temps d’échanges internes et externes sur le sujet (exemple de l’événement Women in Tech Normandie qui s’est déroulé à Rouen en 2019, auquel des personnalités engagées telles que le Dr Chrystil Johnson, la directrice financière de la Nasa et des entreprises de toutes tailles ont participé ; ou plus récemment par des petits déjeuners pour échanger autour de la mixité. J’ai également intégré le réseau normand Femmes et Challenges, qui œuvre pour le développement de l’entrepreneuriat féminin… ainsi que le réseau Parité UN·E, bien sûr.
En parlant du réseau parité UN·E., pourquoi est-ce important selon vous ? Comment aller plus loin ?
Ce que j’apprécie particulièrement dans ce réseau, c’est le fait qu’il soit à la fois national et territorial, ce que je trouve essentiel pour une entreprise comme la nôtre ! De plus, ce réseau rassemble des femmes, mais également de nombreux hommes. Par exemple, en Normandie, le Directeur Régional Seine et Eure est particulièrement investi dans la cause, ce qui me fait dire que je suis convaincue que la défense de la parité est bien une affaire de partenariat entre les femmes et les hommes. Plus largement, notre entreprise est vraiment exemplaire sur le volet de la mixité, notamment parce qu’elle encourage la place des femmes dans les instances dirigeantes et qu’elle lutte contre les écarts de salaires. Il faut le faire savoir à l’extérieur, ce qui nous permettra sans doute d’attirer davantage de jeunes très sensibles sur ces questions. Pour aller plus loin, il faut valoriser les parcours réussis, inviter des postières et postiers à échanger avec d’autres salariés de grands groupes et petites structures et sans doute insister sur le côté positif des quotas dans l’entreprise, qui permettront d’atteindre la parité plus rapidement.
Pourquoi pensez-vous que la parité est une bonne chose en entreprise ?
Tout simplement parce que dans un milieu uniquement composé d’hommes, il manque forcément quelque chose ! La diversité et le partage sont des facteurs de richesse… et c’est aussi gage d’efficacité économique. De plus, c’est un enjeu essentiel sur le volet numérique aujourd’hui : peu de femmes sont à la tête de startups (même si leur nombre augmente), ou encore des sujets de levée de fonds… dans un secteur pourtant innovant et créatif. On a donc grand besoin de vos talents Mesdames et Mesdemoiselles !