
Marie-Hélène Michon : » ce n’est pas que l’affaire des femmes, c’est notre affaire à toutes et tous »
Que vous évoque le mot « parité » ?
Quand j’entends « parité », j’entrevois de belles opportunités d’échanges, de partages d’expérience, de développement de parcours professionnels épanouissants pour les femmes de notre groupe.
Il s’agit, avec l’objectif de parité, d’endosser la responsabilité de mettre en place les conditions nécessaires à ce que chacun et chacune se sente autorisé et confortable pour prendre des initiatives et réaliser ses ambitions.
Ce n’est pas que l’affaire des femmes, c’est notre affaire à toutes et tous et c’est l’affaire d’une entreprise qui veut voir loin et embarquer tout le monde.
Faites-vous le lien entre parité et performance ?
Je fais le lien entre complémentarité et performance. Il n’y a pas de performance collective et durable possible sans diversité des profils. J’insiste sur cette notion de diversité car il y va non seulement d’élargir la question au-delà du critère de genre, mais aussi de permettre à chacun et chacune de faire valoir toute la palette de ses compétences, de sa personnalité, de ses aspirations. On n’est pas que femme, pas qu’homme. Se préserver d’une lecture aussi binaire du sujet de la parité permet d’entrer au cœur du sujet : comment est-ce qu’ensemble, on dessine un nouvel exercice du leadership, de l’influence, de l’intelligence relationnelle. La question de savoir si les femmes sont plus ou moins naturellement aptes à développer telle ou telle qualité n’est pas si intéressante. En revanche, celle des obstacles sociaux qui peuvent les freiner dans l’expression et dans le développement de leurs qualités est un sujet pour l’entreprise.
Qu’est-ce qui fait frein à l’expression et au développement des qualités des femmes, encore aujourd’hui ?
Tout un système de croyances persiste. Cela va de l’idée qu’avoir des enfants empêche d’évoluer dans sa carrière jusqu’à celle que dans une assemblée composée majoritairement d’hommes, la voix d’une femme ne sera pas entendue, en passant par tout ce qui relève du complexe d’imposture (la peur de ne pas être à la hauteur, le sentiment que manquer de confiance en soi est pénalisant, la crainte du rejet si on manifeste des opinions divergentes…). Parmi ces croyances, il y a aussi l’idée qu’un parcours de réussite professionnelle est jalonné de cases à cocher et que si on a raté une étape ou si on n’a pas pris le bon chemin à un moment donné, c’est perdu.
Nous pouvons mettre en échec ces croyances. D’abord, en ne leur donnant jamais raison donc en veillant à ce que personne ne soit discriminé ; en s’assurant que les femmes aient bien autant la possibilité de prendre la parole et d’être écoutées que les hommes. Mettons aussi en place les conditions pour encourager les femmes à l’audace : qu’elles ne se figurent pas qu’elles n’ont pas leur chance avant même d’avoir saisi les opportunités. Et puis, de façon plus globale, sortons de l’idée des parcours écrits par avance et donnons l’exemple de nombreuses voies pour progresser et réussir.
Nous sommes dans un groupe qui s’engage et valorise les initiatives. C’est une opportunité pour que chacun et chacune se sente autorisé à prendre sa part et à prendre sa place.
Comment agir pour que les femmes développent leur audace ?
La formation et l’accompagnement post formation sont essentiels. On s’enrichit par le partage des expériences et le feed back plutôt que « en observant ». Il est important de former les femmes au leadership et à toutes les compétences qu’il requiert, ne serait-ce que pour casser l’idée que ce sont des qualités de « leader-né ». On ne nait pas leader, on apprend à le devenir.
On apprend cela aussi en observant les autres. Je crois beaucoup à l’impact des témoignages sans tabou, comme ceux que propose un réseau comme UN·E. Quand des personnes à qui vous pouvez vous identifier racontent leur parcours, fait d’opportunités saisies, de mains tendues, mais aussi parfois de difficultés à surmonter, de feedbacks constructifs, de moments de doute, de moments d’audace, d’alternances entre accélération de la carrière et temps plus calmes, cela vous parait davantage accessible. Tout simplement, parce que ce sont des témoignages humains.
Pour plus de parité aux responsabilités, il faut aussi plus de mixité dans tous les métiers. Comment agissez-vous en la matière ?
Au sein de GeoPost, nous avons 53 000 collaborateurs et collaboratrices dans 49 pays. Cela fait déjà un groupe de diversité ! Néanmoins, notre activité compte traditionnellement plus d’hommes que de femmes, notamment dans les métiers de la manutention. Mais d’une part, ces métiers ne sont pas inaccessibles aux femmes ; d’autre nous proposons aussi de nombreux métiers de gestion dans lesquels les femmes peuvent se projeter et où il apparait qu’elles excellent. Nous sommes attachés à ce que l’entreprise et ses filiales témoignent du meilleur équilibre des genres possible à tous les niveaux et sommes particulièrement vigilants au moment des recrutements internes ou externes. Je demande par exemple qu’il y ait au moins un profil de femme dans la short-list des postes à responsabilités que nous pourvoyons. Il faut observer la même vigilance pour l’apprentissage ou les écoles de la seconde chance.
Auriez-vous un message pour les jeunes femmes (et les jeunes hommes) de notre époque ?
Osez ! Autorisez-vous à prendre des initiatives ! Soyez acteurs de l’inclusion ! En tant que DRH, je vois aujourd’hui de plus en plus de candidats qui m’interrogent sur nos engagements sociétaux et environnementaux. Beaucoup me demandent aussi si le groupe propose des dispositifs où ils pourraient se rendre utiles. C’est une évolution que je salue et je veux dire à ces jeunes qu’ils sont les bienvenus dans notre groupe. Nous avons besoin d’une jeunesse engagée et nous sommes prêts à être challengés. Notre modèle fédérateur, basé sur de nombreuses communautés et centres de compétence, permet à chacun d’apprendre et de se développer. C’est un modèle fait pour que la diversité s’y épanouisse… Pas une diversité de discours, mais une diversité vécue au quotidien, expérimentée à travers la curiosité, le partage d’expériences et de belles réussites collectives.