
Coup de cœur : « La méthode Williams » et « Battle of the Sexes »
Pas besoin d’être fan de tennis pour vibrer devant le film « La méthode Williams ». Centré sur le père des joueuses, le long-métrage retrace le parcours de deux jeunes filles investies de l’ambition parentale.
Richard Williams ne connait rien au tennis jusqu’à ce qu’avec sa femme, ils conçoivent le projet de fonder une famille. Pour ses enfants à naître, il veut le meilleur. Les mettre sur la voie de l’excellence. Faire mentir les déterminismes qui veulent que grandir dans un quartier chaud voue au mieux à pratiquer des sports urbains. Il faut conquérir les bastions encore réservés aux Blancs et aux nantis. Quel meilleur terrain de jeu que le tennis, sport aristocratique s’il en est ? Richard potasse le sujet, lit des dizaines de livres, étudie les matchs de légende. Et rédige sa « méthode ». 78 pages détaillées sur l’art d’entraîner un champion. Ce sera en fait des championnes. Venus et Serena. L’entraînement est exigeant, l’environnement hostile. On se couche à terre devant le filet quand les balles des gangs adverses fusent dans la cité. Et ça marche. Les filles assurent. Mais pas question de leur faire faire des tournois junior. Le papa poule (parfois un peu sévère tout de même) veut tenir ses filles à l’écart de la pression. Elles iront se frotter à la compétition quand elles seront tout à fait prêtes…
La critique a noté quelques arrangements flatteurs avec la réalité dans le film réalisé par Reinaldo Marcus Green. Malgré cela, on ne saurait bouder son plaisir : en plus d’être haletant, il propose une utile allégorie sur l’art de combattre dans un environnement d’autant plus miné qu’il est apparemment feutré. Voilà qui n’est pas sans faire écho à un autre film sur le tennis, « Battle of the sexes », sorti en 2017 et consacré à la championne Billie Jean King. Celle-là même qui est à l’origine de l’égalité de rémunération des joueurs et des joueuses dans les tournois du grand chelem. En 1972, la tenniswoman au talent hors norme exige pour elle-même et pour ses consœurs des primes de match équivalentes à celle des hommes. Le milieu policé et bien élevé du tennis, où l’on traite d’ordinaire les femmes avec courtoisie, va alors révéler sa face cachée : misogynie, mépris de classe, rapport écrasant à la compétition et à la performance… Billie Jean King défie l’un des plus grands adversaires à l’égalité de genre dans son sport, le numéro un mondial Bobbie Riggs : rendez-vous sur le court, pour s’expliquer avec une balle et une raquette mieux qu’à coups de préjugés…