
Interview croisée : Christelle Defaye Geneste et Aurore Mayer
Un moment de partage et de mise en lumière du rôle joué par le Groupe La Poste pour l’égalité professionnelle en Europe.
À cette occasion, nous avons rencontré Christelle Defaye Geneste, directrice des affaires européennes et douanières chez Le Groupe La Poste et Aurore Mayer, directrice du Réseau Parité Un Une du groupe La Poste, pour comprendre les convictions derrière ce rapprochement fort et enthousiasmant.
Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est PostEurop et quel est son rôle ?
Christelle Defaye Geneste : PostEurop est une association professionnelle basée à Bruxelles. Elle représente l’ensemble des postes européennes, ce qui inclut 53 membres. Son objectif principal est de porter la voix des opérateurs postaux historiques. Autrement dit, tous ceux désignés pour assurer la mission de service public, telle que la distribution quotidienne du courrier à des prix abordables.
C’est donc une sorte de porte-parole pour le secteur postal européen ?
Christelle Defaye Geneste : Exactement. PostEurop joue un rôle essentiel de lobbying auprès des institutions européennes – la Commission, le Parlement, les États membres. Nous pensons qu’il est toujours plus efficace d’avoir une voix sectorielle plutôt qu’individuelle, cela permet de renforcer nos messages. C’est aussi une union régionale au sein de l’Union Postale Universelle (UPU), qui est une organisation des Nations Unies. Enfin, au-delà du lobbying, PostEurop facilite les échanges de bonnes pratiques et les discussions stratégiques entre les opérateurs sur des sujets comme l’environnement ou la santé au travail.
Pourquoi PostEurop décide-t-elle de s’emparer de cette question de la parité ?
Aurore Mayer : La genèse de cette initiative vient d’une réflexion que nous avons menée au sein du Réseau Parité avec notre Présidente Marie-Aude Dubanchet. Dans le contexte international actuel, notamment face au recul, voire à la disparition des droits essentiels des femmes dans certaines régions du monde, nous nous sommes demandé comment nous pouvions agir et avoir une influence à notre niveau. Le groupe La Poste, avec ses valeurs profondes d’égalité professionnelle et de diversité, a toujours porté les droits humains dans son ADN. L’idée était de voir comment de grandes entreprises peuvent, en s’associant, mener une réflexion et avoir une influence au niveau international pour maintenir et renforcer les valeurs d’égalité entre les femmes et les hommes.
Christelle Defaye Geneste : Le contexte international a en effet été un facteur déterminant. Nous pouvons constater une pression forte, notamment avec des déclarations qui prônent la suppression des programmes de parité ou de diversité. Cela se ressent même au sein de l’UPU, où des programmes sur la parité sont remis en question. Face à l’accroissement des violences faites aux femmes, il nous semblait crucial que l’Europe, un continent où le sujet reste une priorité, continue de montrer la voie. Il s’agit de faire front en Europe sur des combats partagés, de donner plus d’ampleur à ces sujets et de montrer l’exemple, sans prétention, en partageant nos réussites. Et le secteur postal est justement assez exemplaire en la matière, avec de nombreuses initiatives en place.
Qu’est-ce que La Poste en France peut apporter concrètement à ses homologues européens sur cette question de la parité ?
Aurore Mayer : Je crois que La Poste peut apporter son expérience concrète et sa capacité à faire bouger les choses. Nous sommes un groupe de 230 000 collaboratrices et collaborateurs, et même s’il y a toujours du chemin à parcourir, nous avons réussi à initier des avancées importantes pour la parité en entreprise. Notre envie vient de là : partager ce qui fonctionne chez nous, en espérant que d’autres s’en inspireront, et vice-versa. Car nous sommes convaincus qu’en restant alignés avec nos valeurs profondes, qui sont aussi celles de l’Europe, cela peut devenir un réel avantage et fera la différence sur le long terme.
Christelle Defaye Geneste : Cet enjeu est d’autant plus fondamental que les postes sont souvent profondément ancrées dans la société. Elles ont une visibilité directe auprès de la population : montrer de bonnes pratiques dans ce domaine peut créer un effet d’entraînement. Mais c‘est aussi un échange mutuel. Nous apprenons d’autres postes européennes, qu’elles soient plus petites ou de taille similaire, des initiatives très intéressantes. C’est cette stimulation réciproque qui rend le projet si puissant.
