Marie-Aude Dubanchet : « la parité, c’est fondamentalement une question d’égalité »

Quelle est votre vision de la parité ?

La parité, pour moi, c’est fondamentalement une question d’égalité, telle qu’elle figure dans la déclaration des droits de l’homme, à l’article premier de notre constitution et au cœur de notre devise républicaine. Ce n’est donc pas une option, c’est une notion structurellement identitaire de notre société qui doit être opposable à tous.

Mais l’égalité entre les femmes et les hommes ne doit pas signifier l’alignement ni l’abolition des différences, bien au contraire la parité est une nécessité et une chance d’enrichir chacun et le collectif. Donc nous devons la provoquer, la cultiver et la chérir !

Que vous inspire la politique égalité du groupe La Poste ?

Beaucoup de fierté ! Le fait qu’à La Poste, les femmes soient payées autant que les hommes est le résultat d’une politique volontariste, portée depuis plus de 10 ans par notre Président, féministe convaincu qui a su mettre en place les moyens nécessaires à l’action. Par exemple, on peut citer l’enveloppe de rattrapage salarial créée il y a plus de 10 ans et dont disposent les managers pour corriger les écarts. Je l’ai moi-même utilisée pour effacer les inégalités salariales dans mes équipes. La Poste a montré que quand on veut l’égalité salariale, avec du temps et des moyens on y parvient !

Est-ce que La Poste aspire à donner l’exemple aux autres entreprises ?

Bien sûr notre politique d’égalité professionnelle a valeur d’exemple car nous démontrons qu’un modèle salarial égalitaire est possible à grande échelle, dans un groupe qui compte des dizaines de milliers de salariés. Mais nous avons d’autres témoignages à apporter comme notre école de la data et de l’IA qui est paritaire. C’est parce que Valérie Decaux et Nathalie Collin l’ont décidé et ont agi en conséquence, que c’est devenu possible.

C’est la volonté stratégique qui conduit à nommer 4 femmes sur 9 membres au Comex comme de dépasser les critères de la loi Rixain.

C’est parce que nous avons des réalisations concrètes et à grande échelle que nous pouvons communiquer sur notre politique d’égalité femmes/hommes et ainsi montrer que c’est possible !

Que représente pour vous la Présidence du réseau Un Une ?

Le premier président était un homme engagé, Philippe Dorge, et je suis très heureuse de prendre sa suite. Je veux saisir cette opportunité pour me mettre au service de la cause de la parité. En tant que directrice de la communication du groupe, je veillerai à l’efficacité et l’amplification des actions et des messages et à la mise en lumière des femmes talentueuses et de tous ceux qui agissent pour la parité dans notre groupe.

Quelles sont vos priorités pour le réseau ?

J’identifie trois priorités :

1. Accompagner la communication du réseau. J’aimerais que nous travaillions sur l’identité de ce réseau et la manière dont il définit son action pour être encore plus efficace et impactant. Je compte également faire bénéficier le réseau de ma fonction de directrice de la communication du groupe pour développer des opportunités de communication, internes comme externes.
2. Créer formellement des moments informels, pour que les femmes puissent partager leur expérience professionnelle mais aussi évoquer toutes les autres choses qui ont de l’influence sur la vie au travail comme l’organisation familiale, la charge mentale ou encore la confiance en soi. J’aimerais que les femmes de ce groupe puissent avoir un cadre et des espaces légitimes pour se parler, pour s’épauler et s’encourager autour de rôles modèles internes, car nous comptons de nombreuses postières qui ont beaucoup à partager.
3. Développer le mentorat. Le schéma dans lequel une femme est mentorée par un homme est encore trop répandu. Il n’y a pas de raison pour que les femmes ne soient pas elles aussi mentors pour d’autres femmes ou pour des hommes. Je voudrais donc encourager le mentorat par des femmes. Il sera probablement utile de proposer des formations pour que celles qui acceptent ce rôle puissent aborder en confiance cette responsabilité.