
Florence Servan-Schreiber : « on a tous des super pouvoirs »
L’occasion de bénéficier des réflexions de Florence Servan-Schreiber, auteure, conférencière et formatrice, sur les bienfaits de la psychologie positive.
L’aventure des Girlz in the Bank continue ! De quoi les enrichir et les outiller pour leur permettre, demain peut-être, d’accompagner d’autres Girlz in the Bank en devenir.
Comment avez-vous cheminé dans votre vie professionnelle et personnelle pour en venir à travailler sur la psychologie positive ?
« Petite sœur de la psychologie tout court – qui est très précieuse et là pour nous soigner – la psychologie positive va dans le sens de la prévention en s’intéressant à l’épanouissement.
Mon métier actuel est d’être professeure de bonheur, de raconter sous différentes formes les conclusions d’études menées par des chercheurs sur la psychologie positive, sur les comportements et attitudes qui fonctionnent. C’est la « science du bonheur ». Attention, ce n’est pas la même chose que la pensée positive. La psychologie positive étudie des gens comme vous et moi et l’évolution de leur niveau de bien-être.
J’ai commencé à m’y intéresser au moment de l’interruption involontaire de mon précédent poste. Je m’y suis formée aux Etats-Unis et à mon retour j’ai repris le flambeau de mon cousin David à la tête de l’institut français d’EMDR. J’ai creusé le sujet de ce que j’appelle aujourd’hui les « super pouvoirs ». »
Que sont ces super pouvoirs ?
« Après ma formation, je me suis demandée ce qui faisait que quelqu’un de normal pouvait, dans une situation extrême, réussir des choses auxquelles elle n’était pas préparée.
Des chercheurs se sont rendu compte qu’on n’avait encore jamais listé les qualités humaines. Les maladies oui, mais pas les qualités. Ils en ont identifié 24 et ont parcouru le monde à la rencontre de groupes de personnes afin de tester leur universalité. Cela leur a permis d’affirmer que le fait que ces qualités soient présentes de façon plus ou moins marquée chez chacun d’entre nous ne dépend ni de notre éducation ni de notre occupation.
Ils ont alors mis sur pied un questionnaire permettant de classer ces qualités par ordre de prépondérance. Les cinq qui ressortent en premier sont celles qui structurent notre personnalité, ce sont nos forces. Ce sont elles qui nous animent et nous donnent notre puissance.
Connaître ses forces de caractère – ses qualités majeures – c’est comme disposer d’une boussole pour mener sa propre vie. Quand j’ai compris qu’on ne pouvait compter que sur ses qualités pour avancer, je suis parvenue à écrire mon 1er livre. J’en ai écrit 7 autres depuis.
Souvent quand on rencontre des difficultés dans une situation, on est persuadé qu’il nous manque une compétence alors que c’est simplement qu’on est en train de se servir d’autre chose que de ses atouts. On utilise beaucoup d’énergie à essayer de corriger ses défauts. Ce qui consomme de l’énergie non durable ! Il faut prendre conscience qu’il y a autant de façons d’arriver à destination que d’individus sur terre.
Mais attention, ce n’est pas la fête foraine tous les jours. Plus on est sous pression plus on oublie d’activer nos forces. »
On est assez peu dans la célébration de nos forces, d’abord parce qu’on ne les nomme pas. Comment gérer le rapport à la petite voix intérieure qui nous habite et qui n’est pas toujours très « psychologie positive » ?
« On est d’abord programmé pour repérer le négatif ; c’est lié à notre instinct de survie. Ce biais du négatif, on le retrouve partout. C’est exactement pareil pour la lecture qu’on fait de nous-même.
Une voix intérieure nous parle en permanence. Il faut faire très attention à la tendance de cette petite voix à aller vers le négatif, à la façon dont on se parle de soi, à ce qu’on se dit. On peut notamment le faire quand ça ne va pas, quand on est contrarié. On peut par exemple donner un nom à cette personne qui nous habite pour apprendre à prendre du recul.
De manière générale, on doit apprendre à être plus bienveillant vis-à-vis de soi-même. Soyons notre meilleur ami. Personne d’autre n’endossera ce rôle mieux que nous ! »
Pourquoi l’abondance matérielle ne peut pas nous satisfaire comme on l’imagine ?
« Les êtres humains ont une très forte capacité à s’adapter à tout. Les choses changent, on s’y adapte, puis la situation devient notre nouvelle norme. Avec les biens matériels, c’est la même chose. Une fois la chose convoitée obtenue, on s’y habitue vite et elle perd de sa saveur.
C’est pourquoi, la vraie abondance à viser est celle de la concentration et du temps choisi.
Les moments les plus heureux sont ceux pendant lesquels on engage ses compétences vers un objectif qui nous produira du feedback. Le bon niveau d’engagement personnel arrive quand le niveau de difficulté est adapté. On est tellement concentré qu’on perd la notion de soi – on ne se « parle » plus.
Il y a plein d’équilibres différents à trouver dans la vie mais le plus intéressant est celui entre les activités qui nous coûtent de l’énergie et celles qui nous en procurent.
La fragmentation des activités, par exemple, a un coût énorme sur notre satisfaction. »
Une conclusion ?
« Si jamais les choses ne sont pas tout à fait comme vous voulez en ce moment, pensez d’abord à vous appuyer sur vos forces de caractère et maximisez ensuite vos liens sociaux ! Les micro-moments d’amour, ceux pendant lesquels vous êtes en connexion avec quelqu’un, vous rempliront d’énergie. »