
Guillaume De Roucy : « la Parité femmes/hommes est structurante pour toute la diversité »
Que représente la parité pour vous ?
La parité c’est une évidence pour moi, une conviction profonde que je porte depuis toujours. Parce que c’est un facteur d’équilibre et de bien-être collectif. Une équipe s’épanouit par la diversité des sensibilités et la combinaison des formes d’intelligence. La parité fait partie des ingrédients pour garantir cette diversité et assurer l’avancée pour le bien commun.
L’entreprise doit faire vivre cette réalité si elle veut accompagner ces transformations sociétales.
Diriez-vous que la parité est en progrès ?
Il y a des progrès sans aucun doute. Dans notre entreprise et dans beaucoup d’autres. Notamment en ce qui concerne l’accès croissant des femmes à des fonctions à responsabilité. Cela ne s’est pas fait tout seul. Ce n’est qu’un début : il faut veiller à ce que le mouvement se poursuive pour parvenir à briser le « plafond de verre ».
En revanche, ce qui ne progresse toujours pas suffisamment, c’est la mixité des métiers et des univers professionnels. On voit encore trop d’environnements avec une majorité d’hommes … et d’autres, avec une majorité de femmes. Or, dans un environnement de travail, comme d’ailleurs dans de nombreux autres contextes, l’uniformité est une impasse. Cela vaut pour la diversité de genres mais aussi sur d’autres marqueurs tels l’âge, les origines, le type de formation, etc.
Néanmoins, je pense que la parité femmes/hommes est une première marche à franchir : l’égalité de genre est structurante pour toute la diversité.
Ainsi, nous veillons à soutenir cette évolution des esprits en développant des partenariats avec certaines écoles qui s’engagent activement dans la promotion des valeurs de diversité.
Comment convaincre celles et ceux qui doutent encore des vertus de la parité ?
D’abord, il faut dire qu’ils sont de moins en moins nombreux. Les chiffres sont parlants : aujourd’hui pour 81% des Français, la parité est incontournable ; 93% sont conscients de ses bénéfices ; 93% aussi estiment que le sujet concerne autant les femmes que les hommes.
J’attribue cette conviction partagée au fait que nous ressentons toutes et tous le besoin de conjuguer les formes d’intelligence et les styles de leadership pour répondre aux problématiques complexes de notre époque. C’est un effet indirect de la parité : elle libère aussi les hommes, laissant plus de place à l’expression de leur intelligence émotionnelle, du sens des situations, de l’empathie, de l’esprit collectif.
Pour répondre à la question « comment convaincre ?» à nous d’actionner les leviers qui sont à notre disposition pour faire de la parité une source de richesse ressentie comme telle par le plus grand nombre.
Quels sont ces leviers ?
En entreprise, la parité commence dès le recrutement. Toute personne susceptible de recruter dans notre entreprise doit être sensibilisée aux biais et aux risques de discrimination. Nous nous heurtons néanmoins au fait que le marché de l’emploi est genré : l’orientation scolaire et académique, les parcours professionnels des uns et des autres portent l’empreinte d’une ségrégation des genres. L’entreprise ne peut pas seulement le déplorer en continuant à recruter des femmes dans les métiers féminisés et des hommes dans les métiers masculinisés ; il est de notre responsabilité d’une part de veiller à ce que la façon dont nous identifions les compétences et les profils ne contribue pas à renforcer cette ségrégation et d’autre part d’être volontariste pour aller dans le sens du rééquilibrage.
Comme je l’indiquais, nous favorisons à la fois dans nos liens écoles et universités des établissements mettant en avant cette parité. Nous sommes aussi adhérents à « Financi’Elles », première fédération de réseaux de promotion de la mixité intra-entreprises du secteur financier qui s’est donnée pour mission de contribuer à améliorer et surtout accélérer l’accès des femmes au sommet des organisations du secteur de la finance.
Par ailleurs, il y a la question de l’égalité salariale qui appelle une attention fine et une vigilance incessante. Recruter à salaire équivalent pour un travail similaire est un impératif indiscutable. Ensuite, on peut se faire rattraper par les inégalités au cours des parcours professionnels. Je veux piloter également cela de très près.
Concernant les carrières, il faut encore favoriser l’accès des femmes aux responsabilités. Cela implique de leur permettre de développer leur potentiel en confiance. La fonction RH a un double rôle à jouer : d’une part, identifier et mettre en lumière ces potentiels ; d’autre part, soutenir leur audace et leur prise de risque.