Interview croisée : Béatrice Tourette et Élodie Guiu

« La parité, il faut en parler, toujours en parler, encore en parler, pour réussir à la faire progresser ». Béatrice et Elodie sont ambassadrices du Réseau Parité Un Une.

 

Béatrice Tourette est Directrice Opérationnelle Bancaire à La Banque Postale de Clermont-Ferrand. Elle travaille au sein du Groupe depuis 1993. Élodie Guiu est Cheffe de projet Communication du Pôle Régional de Communication de la région Auvergne Rhône-Alpes. Elle est arrivée au Groupe La Poste il y a quinze ans. Un de leurs points communs ? Béatrice et Élodie sont engagées pour la parité dans le cadre de leur activité professionnelle, et notamment à travers le réseau UN·E. L’occasion rêvée de leur poser quelques questions.

 

Qu’est-ce qui a motivé votre engagement au sein du réseau parité ? 

Béatrice Tourette : Lorsque le Réseau Parité Un Une a été créé il y a maintenant près de deux ans au niveau national, j’y ai tout de suite vu une opportunité d’aller plus loin sur un sujet qui me tenait déjà à coeur depuis longtemps : j’ai toujours cherché à faire entendre ma voix et aider des collaboratrices à prendre leur place. Il faut dire que cela n’a pas toujours été instinctif pour le plus grand nombre : tout au long de ma carrière de manager, j’ai trop souvent observé des femmes très capables s’auto-limiter, pour de multiples raisons, et parfois par manque de confiance en elles. Et ce n’est pas parce que j’ai décidé de les accompagner que j’arrivais à me soigner pour autant (rires) ! Il m’arrive aussi d’avoir de telles réactions… seulement, j’ai pu prendre du recul au cours de ma carrière. Cela n’empêche que si j’avais pris conscience de certaines choses plus tôt, j’aurais peut-être fait des choses différemment. Je pense que ce syndrome de l’imposteur concerne surtout les femmes. J’ai rarement eu besoin de pousser les hommes, tandis que les femmes, il ne faut pas les pousser… mais souvent les tirer (rires) !

Élodie Guiu : C’est vrai que quand j’accompagnais des cadres supérieurs et dirigeants, j’ai bien noté que les hommes et les femmes n’avaient pas tous la même capacité à se vendre, ou que les organisations ne leur laissaient pas toujours l’opportunité de le faire ! Me concernant, mon engagement vient de mon métier d’avant : en tant que ingénieure dans l’industrie électronique, j’avais l’impression de ne pas avoir de perspective de carrière en tant que femme. Je n’avais aucun « rôle modèle » autour de moi, de femmes auxquelles m’identifier. Il faut dire qu’à l’époque, nous étions moins de dix femmes pour cent-cinquante hommes en réunion stratégique… ! C’est pour ça, et aussi par conviction personnelle, en tant que parent, que j’ai commencé à m’investir il y a environ un an lorsqu’on a proposé aux cadres supérieurs du groupe de devenir ambassadeurs. Ce qui m’a amenée à travailler à La Poste, c’est notamment le fait que le groupe soit en avance sur le sujet de la parité : dès mes premières semaines au sein du groupe, j’ai rencontré des dirigeantes, sur tout type de poste, ces « rôles modèle » que je cherchais. J’apprécie que, malgré son avance sur ce sujet, le groupe La Poste maintienne et renforce la réflexion et les actions sur la parité car il reste du chemin à parcourir, à tous les niveaux.

 

Comment traduisez-vous concrètement votre engagement en faveur de la parité au sein du Groupe La Poste ? 

Béatrice Tourette : Selon moi, le premier engagement d’une ambassadrice ou d’un ambassadeur est de faire connaître le sujet de la parité et de le porter auprès des équipes et membres du groupe. Une fois que je l’ai fait de mon côté, auprès de mes équipes, je me suis demandé ce que je pouvais faire de plus. C’est là que j’ai eu l’idée du « Café.e ou Thé.e parité », un événement mensuel au niveau régional (Auvergne Rhône-Alpes). Le principe est le suivant : nous échangeons sur la parité (observations, problèmes rencontrés, solutions) en toute transparence. C’est notre traduction du réseau national au niveau local. Le concept a très vite plu a une dizaine d’ambassadeurs et d’ambassadrices… dont deux hommes. Nous avons aujourd’hui à coeur que notre réseau parité soit le plus paritaire possible, convaincus que ce sujet concerne tout autant les hommes que les femmes, même si je vous avoue qu’au départ, nous avons commencé par cibler des femmes, principalement, plus naturellement, pour être plus à l’aise pour échanger.

Élodie Guiu : Oui, nous savons et avons constaté qu’il est très facile de basculer dans notre approche, dans quelque chose de “clivant”, dans une forme d’opposition hommes-femmes vers laquelle nous ne souhaitons pas aller. Et ce n’est pas toujours facile de trouver le bon équilibre. Parler de parentalité permet d’intéresser les deux genres ; aborder le sexisme ordinaire, y compris celui envers les hommes, est aussi une autre façon de traiter le sujet. Nous souhaitons aussi embarquer le maximum d’entités car c’est au niveau des organisations elles-mêmes que cela peut bouger, pas seulement au niveau des individus. Notre conviction est la suivante : plus on en parlera, plus ça avancera. On a aussi la chance d’avoir la déléguée du groupe à nos côtés dans nos démarches : elle se fait le relai de ce thème auprès des dirigeants territoriaux,  en offrant à chaque rencontre, un temps d’échanges sur ces sujets. On fait aussi intervenir des expertes et experts externes du sujet, avec toujours le même objectif : aider à casser les stéréotypes existants.

Béatrice Tourette : En fait, on a déterminé deux axes : d’abord, réfléchir à notre manière de faire bouger les choses, ensuite à évoluer aussi de notre côté sur ce sujet… car bien entendu, nous faisons aussi vivre les stéréotypes ! C’est donc important de nous-mêmes nous recadrer par rapport à la parité. Ce n’est pas parce qu’on s’y intéresse de prêt que nous sommes exemplaires ! Il y a une vraie approche pédagogique, ainsi qu’une envie de mixer nos différentes approches pour s’enrichir.

 

Quel message souhaitez-vous faire passer ? Ou une idée, une phrase, une inspiration que vous souhaiteriez partager avec le réseau ? 

Béatrice Tourette : Pour rebondir par rapport à la question précédente, je dirais : « De la diversité naît la richesse ! »

Élodie Guiu : Je valide ! Au-delà de la parité, c’est la question de la diversité dans sa globalité qui nous intéresse, surtout quand celle-ci est vecteur de performance et de plaisir à travailler les uns et les unes avec les autres. Je suis fière de faire partie d’une entreprise qui agit concrètement sur ces sujets-là…

Béatrice Tourette : J’ai envie de rajouter « l’union fait la force » ! Parce que quand on est tout seul ou toute seule dans son coin, on a peur de ne pas savoir quoi faire et/ou de passer pour la « féministe de service »… alors que quand on est plusieurs, ça nous donne des idées, ça renforce notre posture, notre envie et notre capacité à faire bouger les lignes !

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