Comment La Poste fait face aux violences familiales ? Interview de Laurence Hulin, directrice Diversité, Inclusion et Égalité des Chances au sein du groupe
Pourquoi est-il devenu essentiel pour La Poste de s'emparer du sujet des violences familiales ?
Laurence Hulin : Les violences familiales sont un phénomène d’une grande ampleur : Une femme sur dix y sera confrontée au cours de sa vie et, contrairement aux idées reçues, les hommes sont également concernés.
Sur la base des statistiques nationales, nous estimons qu’il y aurait, potentiellement, près de 12 000 postières et postiers concernés. Face à cette réalité, il nous est apparu indispensable d’agir et de mettre en place des politiques volontaristes.
En tant qu’employeur, notre responsabilité est d’assurer la protection, le soutien et l’accompagnement des postières et des postiers qui pourraient être exposés à des violences avec des conséquences traumatiques et de lourdes répercussions sur leur santé (dépression, addictions…).
Nos politiques ont pour objectif de rompre le silence, de lever les tabous et de faire de l’entreprise un lieu refuge, où chacun peut s’exprimer librement. Ces engagements sont inscrits dans notre accord sur l’égalité professionnelle, dans la continuité de notre volonté d’offrir un environnement de travail respectueux et inclusif pour toutes et tous.
Comment cet engagement se traduit-il concrètement sur le terrain ?
Laurence Hulin : Le dispositif comporte plusieurs volets. Tout d’abord, l’information des collaboratrices et collaborateurs. Nous avons élaboré un guide à destination des managers et des acteurs de la filière des ressources humaines pour reconnaître les signes avant-coureurs, savoir comment s’adresser aux victimes et les orienter. Nous menons également de nombreuses campagnes de communication via l’affichage d’information sur le 3919 et sur le site Arrêtons les violences.
Nous avons également un réseau de 150 assistants sociaux présents sur l’ensemble du territoire. C’est vers eux que la collaboratrice ou le collaborateur qui souhaite bénéficier d’un appui est encouragé à se tourner. Leur rôle n’est pas de juger, mais d’accompagner et d’être présents à chaque fois que la personne en ressent le besoin. Ils travaillent aussi avec des associations locales pour, par exemple, trouver des logements aux personnes souhaitant quitter leur foyer ou apporter des solutions sur les aspects financiers et économiques. En moyenne, chacun d’entre eux accompagne entre deux et quatre personnes victimes de violences familiales par an.
Nous avons instauré trois jours de congés rémunérés pour permettre aux victimes de réaliser leurs démarches médicales ou administratives, telles que porter plainte ou obtenir des certificats médicaux.
Enfin, nous avons établi des partenariats avec plusieurs associations comme “One in Three Women”, « un abri qui sauve des vies » ou encore avec “Fight for Dignity” (BGPN) pour sensibiliser sur le sujet.
En tant que directrice Diversité, Inclusion et Égalité des Chances, quelle vision portez-vous sur l'évolution de ces sujets au sein du Groupe ?
Laurence Hulin : Dans une société de plus en plus fracturée, il est à prévoir que les violences familiales ne vont pas s’arrêter. Nous devrons donc rester vigilants et étendre nos actions pour que l’ensemble des filiales du groupe puissent bénéficier de l’expérience de La Poste SA en ce domaine. Où qu’elle ou il soit, chaque postière et chaque postier doit savoir que La Poste est à ses côtés et lui permet d’évoluer dans un environnement protégé pour exercer ses talents.
En luttant contre les violences familiales, nous faisons progresser l’égalité, la parité, la qualité de vie et les conditions de travail et au-delà notre contribution à une société plus responsable.